Vous êtes nombreux à vous libérer de la dépendance à la cigarette par hypnose. Ce poème extrait d’un livre de Nora Sudynès , illustre bien cette dépendance.

Prisonnière…
Toi, la clope…
Tu as toujours eu les mots pour le dire…
Pour embrumer mon esprit et le pervertir.
Tu as toujours su te travestir
Pour m’assujettir et me séduire.

Tu m’intoxiquais d’illusions,
Et mes sens entraient en ignition.
Tu me promettais flamme et chaleur
Et, qui plus est, la paix intérieure.
Je savourais chaque  » inspire » et chaque » expire »
Et je me pliais à tous tes désirs.

Couleur noire de Vésuve,
Tu t’insinues et tu m’abuses.
Tes volutes de fumée fuligineuse
Se dérobent en spirales vertigineuses.
Tes arguties fumeuses
Me promettent une vie sulfureuse !

Pareille aux succubes,
De ta voix melliflue,
Tu m’entubes et tu m’intubes…
Tu t’infiltres et te diffuses
Jusqu’aux tréfonds de mon corps
Encore et toujours et encore.

Ton baxter mortifère
M’assassine… c’est l’enfer !
Il m’injecte une substance visqueuse,
Toxique, gluante et poisseuse…
Ce poison de goudron
Qui asphalte mes poumons
Et mes récepteurs réclament ta Nicotine…
Lancinant besoin d’adrénaline.

Ton oeil cinabre
Electrise, térèbre mes sens
Et nourrit mes envies macabres
De cendres en incandescence.

Je suis addicte… Dictature
D’un produit aux effets pervers,
Dictature de Nicotine
Aux propriétés assassines.
J’ai bien essayé de quitter cette clope…
Peur qu’elle ne génère des métastases.
Mais je restais en extase
Devant cet œil de Cyclope.

J’ai voulu coûte que coûte y renoncer
Le jour où j’ai porté
Un petit enfant dans mon ventre…
Corne de vie et d’abondance.

J’avais beau batailler,
Cette clope venait me relancer.
Ses substances maléfiques
Venaient térébrer la poche amniotique.

Horrifiée, je l’écrasais, je la piétinais
Mais elle revenait plus forte que jamais.
J’avais les humeurs en montagnes russes…
J’avais besoin de son stimulus.

J’étais addicte…Dictature
Qui me menait la vie dure,
Qui me barattait la tête…
Amour-Mort, re-mords à perpète.

Les neurones en capilotade,
J’édifiais des barricades.
Elle me promettait l’empyrée
Alors que je sentais l’enfant convulser.

Je voulais lui donner de l’amour,
Mais chaque mégot était amour-amor
C’était l’angoisse, le remords
Encore, encore et toujours.

J’avais peur d’un petit prématuré
Ou d’un avortement spontané
Qui me conduirait à la démence…
C’était couru d’avance !

Mais cette salope me baratinait…
Que, si le fœtus s’accrochait,
J’accoucherais d’un enfant costaud
Qui résisterait à tous les maux !

J’ai été addicte jusqu’au bout…
J’ai accouché d’un petit bout
Dans des angoisses paroxystiques
Dans des tortures apocalyptiques.

J’ai accouché debout sur la table
Angoissée, torturée et coupable.
Je voulais savoir -c’était vital-
Si l’enfant était normal !

La petite fille était cyanosée
Mais elle a crié…oui… elle a crié !
Le placenta était un amas glaireux
De filaments fuligineux.
Ce n’était plus une enveloppe
Mais des lambeaux troués par cette clope !

Il en a fallu des saisons
Pour sortir de prison,
Pour respirer la vie
Et savourer ses caudalies.

Seule, la magie des mots…
Oui…les mots, les mots pour le dire
Ont brisé les barreaux
Et exorcisé ce vampire.