Nadia consulte car elle se sent mal dans son couple. Elle est insatisfaite de leur sexualité, elle a envie d’autres choses, un peu plus ludiques. Elle qualifie la sexualité actuelle de « sanitaire » et basique. Elle a bien demandé à son mari d’envisager de se faire aider par un sexologue pour s’ouvrir à davantage de découvertes et de plaisirs, mais il ne répondait jamais, ou à peine.

Au début de leur histoire, il y avait davantage d’agréments dans la sexualité, puis au fil du temps, elle s’est dégradée. Lui, souffrant d’une mauvaise image de lui, renforcée par ses attitudes à elle, plutôt dans le contrôle, les accès de colère et de méchantes tendances à la dépendance.

Le cercle vicieux du dysfonctionnement sexuel s’est tout doucement construit et renforcé. Moins il y avait de sexe, plus elle se mettait en colère, plus il y avait de colère et d’agressivité, plus il se refermait sur lui. Alors elle pleurait et le suppliait de faire quelque chose, elle se détruisait et se sentait impuissante. Elle a commencé à lui en vouloir de plus en plus car son inertie augmentait ses comportements de dépendance, sa colère et son auto destruction.

Elle lui demandait s’il gérait sa sexualité seul en regardant des films pornos, il lui répondait que non. Ca le mettait en colère, il lui disait, et lui mentait, en la regardant droit dans les yeux des choses du style « mais non, puisque çà ne va pas. »

Finalement, il s’est fait aidé, ils ont retrouvé une sexualité basique.

Et, régulièrement, elle lui redemandait, « … pourrait on se faire aider .. »? Elle n’osait pas trop insister de peur de faire à nouveau tout basculer et de se retrouver dans la situation initiale.

Les années passent. Le couple est de plus en plus solide, partage de plus en plus de plaisirs et de projets. Un soir, alors que « tout allait bien » elle se sent envahie de doutes, de très gros doutes, et revient sur cette vielle histoire. « consultes-tu ou as tu consulté des sites pornos? Le oui a fini par tomber, en même temps, la confiance qu’elle lui portait. Une forte envie de vomir, un dégoût l’a submergée.

Elle se sent trompée. Lui ne voit pas en quoi se masturber devant un film est une façon de tromper.
Elle se sent trahie.
Trahie parce qu’il lui a menti.
Trahie parce qu’elle a demandé à trouver ensemble des solutions et qu’à la place, alors qu’il la voyait souffrir et se détruire, il a préférer se soulager égoïstement.
Trahie parce qu’elle se « contentait » de ce qu’il voulait, ou pouvait bien lui offrir, sans rien chercher ailleurs, mais que lui le faisait.
Trahie parce qu’elle faisait ce qu’elle pouvait, et que même lorsque la situation s’améliorait, qu’elle lui avait redemandé s’il utilisait le porno, à nouveau il avait dit non.

L’utilisation du porno n’est pas la solution à un problème sexuel et de couple. Cela ne fait qu’aggraver les choses et déconnecte toujours plus de la « vraie » sexualité.

Cette femme reste dans la méfiance. Elle se dit que la solution que son conjoint a trouvé, lui mentir et s’apaiser égoïstement, il est susceptible de la reproduire.

Difficile pour elle de vivre avec quelqu’un qui a toujours besoin d’être connecté à son téléphone, sa tablette, son ordinateur.
Cela lui fait dire d’elle qu’elle ne suffit pas à cet homme, il a besoin d’être connecté à autre chose, ou de ne pas être connecté à elle.
Il y a toujours un intru. Il n’y a plus de sensation d’exclusivité, d’être connecté l’un à l’autre.
L’intru représente l’inconnu et le danger.
Il peut amener toutes les solutions, les plus faciles en tout cas, mais pas  nécessairement les meilleures.

En thérapie de couple, ils travaillent à reconstruire cette confiance.