La haine est un sentiment puissant et ravageur. Elle se construit progressivement sur un terrain d’indifférence, de rejet, de sentiment d’injustice et d’être ignoré. Comprendre ses mécanismes laissent une chance à la pacification. Il y a 5 conditions pour sortir de la haine.

Qu’est ce que la haine ?

La haine est un sentiment négatif violent,  fort, au plus souvent fruit d’un processus. La haine est composée de ressentis d’hostilité, d’exécration, de dégoût à l’adresse d’une ou plusieurs personnes. La haine se bâtit, s’épaissit progressivement. Elle se nourrit d’une succession d’événements et d’accumulation de colères, frustrations, rancoeurs, rancunes.

Comment se construit le sentiment de haine ?

La haine ne se déclenche pas inopinément prenant ses deux victimes de surprise. Car il y a bien deux victimes dans le processus. Celle qui s’est sentie lésée, trahie, ignorée et développe la haine, et la personne cible. La haine est fille de l’attente et du vécu d’injustice. La haine naît de relation où, à la base, l’amour était sensé s’exprimer par de la bienveillance. Mais malheureusement, elle n’a pas été au rendez-vous. Les crimes passionnels sont l’aboutissement extrêmes de la haine. Les meilleurs terrains de développement des graines de haine sont ceux du vécu de : l’ignorance, l’abandon, le rejet.

Comment nait la haine dans le couple ?

Au sein d’un couple, il est sensé y avoir de la bienveillance. Une personne a des besoins, et parfois, ne les verbalise pas. Elle « s’attend à » ce que l’autre y réponde, sans les formuler. « Si l’autre m’aime, il sait, il voit, ce dont j’ai besoin ». C’est une fausse croyance. Ce qui n’est pas demandé a peu de chance d’être honoré. Au fil du temps, la personne s’use dans une attente vaine, se sent frustrée, puis en colère, commence à en vouloir à l’autre de plus en plus. Mais l’autre n’est pas nécessairement au courant et ne comprend pas certaines réactions. Il manque d’informations. Ces situations peuvent se résoudre et s’apaiser par le dialogue, en sortant de l’attente, en réalisant qu’il est nécessaire d’exprimer ses besoins et en apprenant à le faire.

Pourquoi reste t’on dans la haine ?

La situation est nettement plus compliquée lorsque les besoins ont été clairement exprimés à une personne qui d’apparence est « normale », sensée comprendre et réagir humainement. Une personne qui formule des besoins, de type vitaux et qui est ignorée, ou à qui on « donne une parole » laissée sans suite commence par ressentir de la dévalorisation, de la frustration. Plus elle réitère et reformule sa demande et qu’elle est ignorée, plus la colère monte, le sentiment d’impuissance, le constat de ne « pas valoir » la peine s’installent. Elle passe par des étapes de résignation. Alors, elle cesse de formuler sa demande. Elle se conditionne pour faire avec ses difficultés, et faire sans l’aide de l’autre. De temps à autre, elle revient vers l’autre avec sa demande, avec en toile de fond, une addition qui commence à s’alourdir. Cette facture génère des comportements agressifs ou du repli. Dans le premier cas,  » l’autre, le sourd » pourra exprimer à quel point il est méritant de supporter les accès de colère. Ce qui ne fera que renforcer le mécanisme.Ce dysfonctionnement peut durer des années. Les issues possibles : celui qui n’a pas été entendu en devient malade et/ou finit par exploser, détruit le couple, une sérieuse thérapie de couple donne une chance de re-construction. La priorité pour celui qui est animé par la haine fruit d’une attente vaine d’aide de l’autre est de faire ce qu’il peut lui même, se prendre en main pour limiter les dégâts physiques et psychiques. Pour cela l’EFT (emotional freedom technique) est un  très bon outil.

5 conditions pour sortir de la haine

Si après une, deux, trois demandes clairement formulées il n’y a pas de réponse, osez regarder la réalité en face, l’autre ne bougera pas pour vous. Faut-il rester avec un sourd indifférent à votre souffrance ?  Au plus le temps passe, confronté à ce constat d’inertie, au plus les ressentis internes s’empirent, la haine commence à trouver racine sur ces amas de frustrations. On reste pour les enfants, pour la maison, parce qu’on ose pas partir, pour ne pas perdre une vie sociale, parce qu’on dépend de l’autre pour son travail, pour l’argent, … Les années passent, un jour on se réveille avec une prise de conscience, on se demande pourquoi on a été aussi maltraitant avec soi-même en restant dans une situation destructrice. La haine est là. 

1) Se sentir libre d’évacuer

La personne qui vit avec de la haine véhicule en elle du magma, un volcan. Si les irruptions n’ont pas lieu à l’extérieur, elles brûleront l’intérieur. L’accumulation doit s’évacuer, être acceptée, accueillie. Si elle est censurée bridée, la haine ne fait que s’amplifier. La personne qui ressent de la haine, suite à l’accumulation de sentiments de non écoute ne saura s’apaiser que si elle se sent le droit d’évacuer les coulée de lave de haine qui l’habitent. Si l’autre lui met des limites, avec des « c’est bon là, je t’ai entendu, pas besoin de crier »  » C’est assez pour moi, maintenant, on passe à autre chose » … la haine devient encore plus forte et peut pousser à des actes de destructions physiques. C’est une des premières conditions : la libre expression de cette colère, l’acceptation de la part du sourd qu’il faut que çà sorte sans savoir combien de temps çà peut prendre et quand l’irruption se présente.

2) Demande de reconnaissance

Plus l’autre minimise, plus la haine augmente. Le pire qu’il puisse faire est de nier les ressentis de l’autre, de dire à l’autre qu’il « exagère », qu’il amplifie parce qu’il est fatigué, parce que c’est la pleine lune, … que c’est grave, mais la phrase suivante exprimer qu’en fait ce ne l’est pas vraiment. L’expression de la reconnaissance qu’il y a eu manque d’écoute et non respect permet de laisser s’entrouvrir un espoir. Celui que l’autre a compris et qu’il n’y aura plus reproduction.

3) Réparation

Le sentiment de réparation est subjectif, parfois inaccessible. Les couches de frustrations s’entassent au fil du temps. Elles peuvent rendre impossible la définition de ce qui pourrait générer un sentiment de réparation. Il sera possible si l’écoulement de la haine est autorisé, et que l’étape d’une réelle reconnaissance est assimilée. La demande de réparation constitue une façon de « régler la note » de remettre les compteurs à zéro. Plus la personne a attendu et s’est écrasée, plus ses demandes de réparation pourront paraître folles, insensées,  … et rejetées par l’autre. C’est l’impasse. Le refus est vécu comme non reconnaissance de l’ampleur des dégâts et comme continuité du processus d’injustice.

4) Reconstruire la confiance

Celui qui a demandé, hurlé, attendu … que le sourd-muet sorte de son mutisme a nourri des espoirs vains tout en ruinant au fil du temps la confiance qu’il portait à l’autre. Il a vécu au plus profond de lui « l’autre n’est pas là pour moi, je ne peux pas compter dessus » … Ce sont les actes, jamais les paroles qui re-construiront la confiance.

5) Comprendre pour construire un autre futur

La haine se construit sur des dysfonctionnements relationnels. L’intervention d’une tierce personne est nécessaire à la compréhension. Que s’est il passé pour que l’autre reste les bras ballants à ignorer les demandes et la souffrance de l’autre ? Comment chacun a t’il nourrit cette situation ? La haine dans le couple se développe souvent sur base de blessures préexistantes de rejet, d’abandon. A chacun de les prendre en charge. La thérapie de couple aura pour but d’aider à favoriser la compréhension de l’ampleur des dégâts, objectiver, définir la demande de réparation, reconstruire la confiance.